Publié le premier juillet 2019 BERNARD BOUSQUET, Ingénieur forestier, Écologue, interpelle M. PEIRO.

Au lieu de fustiger l’Etat, Monsieur Peiro devrait se demander pourquoi celui-ci ne fait pas appel de la décision du Tribunal d’arrêter les travaux de la déviation de Beynac. Il comprendrait alors que dans la période de transition écologique que nous traversons, son projet routier est complètement dépassé ! Qu’il n’est plus possible de justifier pareil investissement alors que les modes de déplacement abordent leur mutation : quel gâchis d’argent public, de biodiversité, de paysage pour une si courte période !

 

Un temps trompé par des études d’impact incomplètes (par exemple sur les poissons migrateurs, ou sur le bruit…), qui sous estimaient les dégâts environnementaux, et séduit par le démarchage lobbyiste du Président du Conseil départemental, l’Etat a fait depuis machine arrière, notamment au travers de la mission de Nicolas Forray (2017) qui préconisait un moratoire et des mesures fonctionnelles faciles et peu coûteuses. Monsieur Peiro a ignoré ce message de bon sens de l’Etat, et s’est embourbé toujours plus avant dans un chantier coûteux et dommageable à l’intégrité d’un territoire pourtant protégé à de multiples titres.

 

Il persiste aujourd’hui encore à ne pas comprendre pourquoi l’Etat ne se bat pas contre l’arrêt de son chantier ! Il gesticule tant et si bien (médias, réunions publiques, lettres aux élus…), qu’on ne peut s’éviter de comparer son CAD (Chantier à défendre) d’aujourd’hui à la ZAD d’hier ! Car voilà bien aujourd’hui Mr Peiro qui se frotte à la ligne rouge de l’illégalité dont il accusait hier ses opposants !

 

Monsieur Peiro a de curieuses méthodes pour préserver l’environnement et valoriser un paysage exceptionnel : il faut selon lui construire une route et des ponts (à bien plus de 10 millions d’euros le km !) au milieu d’un site doublement classé par l’Unesco et l’UE ! Un « miroir aux alouettes », une entourloupe qui consiste à faire croire que grâce à ce projet de déviation on créera plus d’environnement qu’on n’en détruira ! Sauf que dans le cas présent on va vous refiler de l’écologie façon jardinerie en lieu et place d’écosystèmes naturels qui n’ont pas été classés Natura 2000 et zone centrale de Réserve de Biosphère sans raison !

 

Où est l’absurdité ? Où est le mépris ?

 

Mr Peiro interprète selon son bon vouloir le vote des Français aux élections européenne : il refuse de voir le sursaut écologique de la société, et ignore superbement la gifle qu’elle lui donne pour cette déviation d’une autre époque.

 

Mr Peiro persiste à nous conduire sur sa voie sans issue, aveugle aux projets de développement durable que le Département pourrait réaliser. Il fait partie de ceux qui ne voient pas le mur contre lequel nous allons nous écraser. L'Etat a heureusement meilleure vue que lui ! (tout au moins pour ce chantier là). On pourrait crier « bon débarras », si sa chute était sans conséquences pour l'environnement et les finances publiques ! Il est gravissime de la part d’un Président de Conseil départemental de ne pas comprendre que le double patrimoine de cette région (culturel + naturel) constitue son capital, sa richesse.

 

Il n’y a guère ici d’autres ressources que le tourisme de patrimoine. Alors, ne le dilapidons pas ! Gérons-le de manière intelligente. Dans cette vallée qui devrait rester préservée, tout aménagement doit se faire avec « ménagement ». Pas de grandes infrastructures routières ! Mais au contraire, de quoi délester la vallée de ses trop nombreux véhicules en été, créant des embouteillages un peu partout. On a laissé croire qu’il n’y avait pas d’autres alternatives ! Or des alternatives, il y en a, mais le Département n’a pas  jugé utile de les étudier !

 

Mr Peiro gonfle le montant des coûts déjà engagés et ceux de la démolition, croyant naïvement que cet argument soulèvera les foules et les élus en sa faveur. Malheureusement pour lui, il n’est pas parvenu à faire réaliser plus d’un tiers des piles de ponts, ni à bitumer le tronçon routier. Il a donc échoué dans son projet d’irréversibilité écologique, malgré la marche forcée à laquelle il a pu contraindre le chantier de la déviation durant toute l’année 2018, et sans oublier l’ultime salissure de ces 800 m3 de béton qu’il a fait couler dans le lit majeur de la Dordogne en pleine fête des confiseurs et la veille de la décision du Conseil d’Etat ! Leur démolition coûtera bien moins cher que d’achever les travaux. Mais surtout, elle sauvera la vallée du sort si préjudiciable que lui aurait infligé le passage continu des véhicules à l’endroit même où ses vocations sont exclusivement la protection du patrimoine et le tourisme naturel et culturel (piliers de l’économie locale).

 

Personne n’est dupe Monsieur Peiro : l’absurdité et le mépris ne sont décidément pas du côté où vous les situez.

 

 Bernard Bousquet, Ingénieur forestier, écologue

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